la Vie de saint Éloi : bilan et perspectives de recherche
Paris (Sorbonne), samedi 17 janvier 2009
Monétaire de Clotaire II puis de Dagobert Ier devenu évêque de Noyon et Tournai à la mort de ce dernier, saint Éloi († 660) est considéré comme l’une des plus hautes figures de la cour mérovingienne dans le second tiers du VIIe siècle. Mais chacun sait aussi que sa mémoire fut servie par une biographie exceptionnelle que tout historien du haut Moyen Âge est amené à consulter un jour ou l’autre.
La Vie se présente comme l’œuvre contemporaine du métropolitain de Rouen, saint Ouen († 684), qui avait longuement fréquenté Éloi à la cour. Au XIXe et au début du XXe siècle, les érudits ne cessèrent de scruter le texte et de discuter cette attribution. De ces vifs débats scientifiques que nourrirent Bruno Krusch (son dernier éditeur), Léon Van der Essen ainsi que le chanoine Elphège Vacandard se dégagea progressivement l’idée que dans sa forme actuelle, le texte avait été profondément remanié à Saint-Éloi de Noyon dans le courant du VIIIe siècle.
Depuis quelques décennies l’intérêt que les chercheurs prennent à l’étude des textes hagiographiques s’est élargi : il ne s’agit plus seulement de trier le vrai et le faux, mais de comprendre de manière plus générale la genèse, les étapes de diffusion et la réception des œuvres. Le moment nous semble donc propice pour lancer une nouvelle discussion autour de la Vita Eligii dont la traduction d’Isabelle Westeel (2e éd. Noyon, 2006) offre désormais un solide cadre de réflexion. Cette rencontre entend ainsi faire un point sur un ensemble de problèmes philologiques et linguistiques débattus depuis près d’un siècle (auteur, remanieur, sources utilisées, réception de l’œuvre) à la lumière des découvertes récentes – en particulier de manuscrits dont Krusch n’avait pas connaissance. Il s’agira aussi d’examiner les implications que ces observations peuvent avoir sur notre connaissance d’Éloi, de la royauté et de l’épiscopat mérovingien.
Il serait illusoire de vouloir clore définitivement le dossier. Cette rencontre veut donc être un moment de discussion où se confronteront les points de vue de tous ceux qui ont eu à travailler sur la Vita Eligii. Nous souhaiterions qu’elle prenne la forme d’un atelier qui mette aussi l’accent sur des problèmes de méthode dont les participants, doctorants et chercheurs plus confirmés, devraient trouver le meilleur profit. La durée des exposés est de 45 minutes et le même temps sera réservé à la discussion. Nous souhaiterions vivement que chaque contribution puisse être accompagnée d’un petit dossier de documents qui, s’il est adressé suffisamment tôt aux organisateurs, pourra être diffusé avant la rencontre. Celle-ci ne devrait pas donner lieu à une publication ; les organisateurs s’engagent néanmoins à en rédiger un compte rendu substantiel.
Organisation : Bruno Dumézil (Université de Paris X – Nanterre) ; Stéphane Gioanni (Université de Paris I – Panthéon-Sorbonne) ; Charles Mériaux (Université de Lille III – Charles-de-Gaulle).
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